Les favoris avancent au ralenti, les petites équipes se rebellent et les buts à la dernière minute pleuvent. Cet Euro 2016 a déjà gagné la médaille du suspense. C’est le moment de retourner voir où en sont nos prédictions pour la compétition. {: .lead}

Nous allons commencer par un petit retour sur la phase de groupes. Si vous voulez voir directement nos prédictions pour le tableau final, c’est par ici.

Prévoir le passé, c’est plus facile

Nous allons commencer par chercher les surprises de ce premier tour, en nous intéressant d’abord aux déceptions. Pour avoir un point de comparaison vous pouvez jeter un œil à nos prédictions de début de tournoi.

La Roumanie, la Russie, l’Ukraine, la Turquie, la Suède et l’Autriche étaient sans doute venus avec les huitièmes de finale en ligne de mire. Aucun d’entre eux n’y est parvenu mais on ne peut parler de réelle surprise que pour la Russie et l’Ukraine qui étaient les deux seules équipes à avoir une chance au-dessus de la moyenne de se qualifier : 71 % et 77 % respectivement au lieu de 66% si toutes les équipes étaient au même niveau2.

Si on s’intéresse aux équipes qui ont réussi à se qualifier, le fait que l’Angleterre, l’Espagne ou la Belgique ne finissent pas premiers avait environ une chance sur deux d’arriver. Leurs fans sont sans doute déçus mais ça n’est au final pas si surprenant. La seule vraie déception vient sans doute du Portugal qui n’avait que 16 % de chance de finir à la troisième place. Même si, après la tornade d’émotions que les Portugais ont dû vivre lors de leur dernier match contre la Hongrie, ils se satisfont sans doute du résultat.

Cristiano Ronaldo se plaignant de l’injuste excellente défense islandaise.{:title=“Cristiano Ronaldo se plaignant de l’injuste excellente défense islandaise.”}

Quelles sont les vraies surprises de cet Euro alors ? Il faut aller chercher du côté des outsiders, là où se trouvent toujours les belles histoires. La Croatie et l’Italie à la première place ? Pas mal mais pas totalement surprenant, chacun avait une chance sur cinq d’y parvenir. L’Islande deuxième de son groupe ? Ils s’en sortaient assez bien dans notre classement de début de tournoi, nous leur donnions 61 % de chance de se qualifier pour le deuxième tour et une chance sur quatre de finir à la deuxième place. À croire que nous étions moins surpris par leur qualification que certains Islandais. De même pour la troisième place de l’Irlande du Nord qui était du domaine du plausible sans être le dénouement le plus probable.

Il nous reste donc les deux performances inattendues de cet Euro 2016 : les premières places de la Hongrie et du Pays de Galles. Les deux équipes étaient tout en bas de notre classement au début de l’Euro. Nous donnions à la Hongrie 50 % de chance de se qualifier pour le deuxième tour alors que le Pays de Galles fermait la marche avec seulement 36 % de chance d’y parvenir. Leur qualification n’était donc pas totalement improbable, mais réussir à devancer le Portugal et l’Angleterre est un résultat très surprenant. Avec 13 % et 6 % de chances d’y parvenir respectivement nous tirons donc notre chapeau à la Hongrie et au Pays de Galles et les remercions d’avoir mis un joli bordel dans nos prédictions et dans le tableau final au passage. On ne leur en veut pas.

Phase d’Apprentissage

Nous en avions déjà parlé lors de la première présentation de notre classement, StatiumElo est par définition auto-correcteur, au même titre que tous les classements Elo : après chaque match, les équipes impliquées s’échangent un certain nombre de points déterminé par la différence entre leur performance et nos prédictions. Voici le Top 10 des matchs ayant eu le plus gros effet sur le classement.

En plus des résultats, vous pouvez voir nos prédictions d’avant-match en terme de probabilités de victoires et de différence de buts. Nous avons classé les matchs par nombre de points reçus par l’équipe gagnante à la fin du match.

Si on s’intéresse à la deuxième moitié du tableau on retrouve les deux manières essentielles de progresser dans notre classement.

La première méthode est de gagner en n’étant pas favori. Le Pays de Galles contre la Slovaquie, la Croatie contre l’Espagne et l’Albanie contre la Roumanie avaient chacun aux alentours de 20 % de chance de sortir victorieux, et même s’ils n’ont gagné que par un but d’écart, il s’agit dans tous les cas de grosses surprises qui leur ont rapporté un nombre de points StatiumElo conséquent.

La deuxième méthode est de gagner de manière franche : l’Espagne contre la Turquie, la Belgique contre l’Irlande et la Turquie contre la République Tchèque ont tous gagné avec deux buts d’écart au moins. Une différence de buts importante est un signe fort du niveau d’une équipe par rapport à une autre.

Si maintenant on regarde le haut du tableau, on retrouve les équipes qui ont réussi non seulement à défier les prédictions mais à le faire avec panache. La victoire de l’Italie sur la Belgique a été nette et sans bavure, les Belges ont été dominés sur le plan technique et stratégique. Les victoires de l’Irlande du Nord et de la Hongrie sur l’Ukraine et l’Autriche ont été non seulement surprenantes mais aussi significatives de par la différence de buts. Et, bien sûr, tout en haut de notre classement on retrouve la victoire écrasante du Pays de Galles sur la Russie. Les succès des Gallois lors de la phase de groupes ont été impressionnants, mais on était prévenu.

La Suite

Après tout ce qui s’est passé durant le premier tour, il est temps de remettre à jour notre classement et de donner nos prédictions pour la phase finale de la compétition.

Ça n’est pas de gaieté de cœur que nous maintenons le Pays de Galles tout en bas de notre classement, au contraire. Mais une petite série de bons résultats ne peut pas effacer des mois de performances médiocres. Et même si le Pays de Galles se révélait être vraiment un cas unique lors de cet Euro 2016, nous ne pouvons pas changer notre modèle pour accommoder une équipe pendant une compétition. Si nous nous trompons nous mangerons joyeusement notre chapeau, accompagné de poireaux bien sûr. Pour les mêmes raisons, la victoire surprise de l’Italie sur la Belgique et leur qualification facile pour la phase finale ne peuvent pas faire oublier complètement les résultats très faibles de ces deux dernières années.

Si nous regardons maintenant le haut du classement, on peut voir que la France est toujours à la première place grâce à l’avantage à domicile mais que l’Espagne grignote du terrain. L’Allemagne et la Belgique ont échangé leur place depuis le début de l’Euro, mais nous ne voyons toujours pas en la Mannschaft l’un des vrais favoris de la compétition. Les deux points d’interrogation après la phase de groupe sont sans doute l’Angleterre et le Portugal. Les deux équipes ont débuté l’Euro avec la confiance acquise lors d’une phase de préparation réussie, pourtant les résultats jusqu’à présent n’inspirent pas une grande confiance. Résultat : la Croatie passe devant le Portugal dans notre classement et l’Allemagne réduit l’écart avec l’Angleterre.

Vous pouvez jouer avec notre #predictor3000 pour voir les résultats de tous les matchs possibles entre les équipes qualifiées pour la phase finale3.

Si on combine toutes ces probabilités et qu’on regarde la structure du tableau final, que vous pouvez retrouver par exemple ici, on obtient les chances de chaque équipe d’atteindre l’un des tours de la phase éliminatoire.

Les chances de la France n’ont pas vraiment bougé depuis le début du tournoi, restant toujours aux alentours d’une sur quatre. De même pour l’Espagne et ses 13 % de chance de sortir victorieuse. La différence entre les deux équipes tient encore une fois essentiellement à l’avantage dont bénificie la France de jouer à domicile. Les surprises apparaissent un peu plus bas, lorsque l’on compare les chances de la Belgique, de la Croatie et du Portugal avec celles de l’Angleterre, de l’Allemagne et de l’Italie. Pour comprendre ce qu’il se passe il faut aller voir un peu avant et s’intéresser aux quarts et aux demi-finales.

Par exemple, la Belgique et l’Angleterre ont à peu près autant de chance d’atteindre les quarts de finale. Pourtant, la Belgique a 46 % de chance d’arriver jusqu’aux demi-finales alors que l’Angleterre n’a que 26 % de chance d’y parvenir. La différence ? La Belgique devrait rencontrer le vainqueur du match Pays de Galles - Irlande du Nord tandis que l’Angleterre sera sans doute opposée à la France lors du même tour. De la même manière, l’Allemagne rencontrera le vainqueur d’Italie - Espagne tandis que la Croatie ou le Portugal affronteront le vainqueur du match Pologne - Suisse.

Encore une fois, nous devrions tous remercier le Pays de Galles et la Hongrie pour avoir renversé la jolie organisation mise en place par l’UEFA dans le but de “protéger” les grosses équipes.

En suivant à la lettre notre grand oracle #predictor3000, nous arrivons au tableau final suivant (les vainqueurs sont en gras) :

Huitièmes de finale

  • Pologne - Suisse
  • Croatie - Portugal
  • Irlande du N. - P. de Galles
  • Hongrie - Belgique
  • Allemagne - Slovaquie
  • Italie - Espagne
  • France - Irlande
  • Angleterre - Islande

Pour s’amuser : nous prédisons que Pologne - Suisse ou Irlande du Nord - Pays de Galles se finiront aux tirs au but, car les deux matchs sont très serrés sur le papier.

Quarts de finale

  • Pologne - Croatie
  • Irlande du N. - Belgique
  • Allemagne - Espagne
  • France - Angleterre

Espagne ou Allemagne ? Dans tous les cas ça sera l’un des grands moments du tournois.

Demi-finales

  • Croatie - Belgique
  • Espagne - France

On parie toujours sur l’avantage à domicile. Et sur un but de Payet dans les dernières minutes.

Finale

  • Belgique - France

La France va gagner ! C’est mathématique, on ne peut pas se tromper !

Un autre truc mathématique : il y a environ 0,05 % de chances que notre tableau complet soit le bon1. Gardez-ça en tête avant d’aller parier la retraite de votre grand-mère et de venir frapper à notre porte après.

Revenez nous voir pendant le reste du tournoi, nous mettrons à jour nos prédictions après chaque tour.

  1. La 4ème place de l’Ukraine est vraiment surprenante, avec seulement 17 % de chances d’avoir lieu.

  2. Une estimation à la louche en supposant que chaque match a 60% de chances d’aboutir au résultat prévu.

  3. Pour le tableau final, un nul doit être interprété comme un nul au bout de 120 minutes de jeu.