Une semaine par-ci par-là séparées entre elles par des mois d’absence, la préparation d’une équipe nationale est une histoire en pointillés. Après la dernière semaine internationale qui a eu lieu fin mars et en anticipation de celle qui se tiendra fin mai, il est l’heure de faire un premier bilan en vue de l’Euro. {: .lead}

C’est donc l’occasion de retourner voir notre indice StatiumElo©™ des équipes nationales, dont nous avons déjà parlé plus tôt0. Pour rappel, celui-ci est basé sur l’approche des classements Elo, que nous avons adaptée et optimisée avec amour rien que pour vous.

Le Classement

On commence par notre classement au 25 avril 2016, qui prend en compte les résultats de la semaine internationale du 21 au 29 mars. On s’intéresse uniquement aux équipes qualifiées pour l’Euro.

Par définition, les classements Elo sont conçus pour estimer les probabilités de résultats des matchs à venir, et ceux avec une assez bonne précision. Voici donc venu le moment d’introduire #predictor3000, l’oracle capable de prédire n’importe quel match entre deux équipes si elles se rencontraient demain.

En regardant attentivement le classement, un découpage en quatre groupes apparaît assez clairement :

Les Favoris

En tête, on trouve les trois équipes auxquelles on s’attendait, l’Espagne, la France et l’Allemagne, un “petit poucet”, la Belgique, qui maintient son rang depuis plusieurs années maintenant, et au milieu l’Angleterre, outsider éternel des compétitions internationales qui semble faire une bonne préparation à l’Euro (mais qui arrive malgré tout à perdre contre les Pays-Bas en reconstruction complète…). Le plus étonnant est sans doute la position de l’Allemagne dans ce groupe dont la dynamique depuis la Coupe du Monde est assez décevante, nous allons en reparler plus bas. À noter, qu’en pratique, la France serait première de ce classement à l’Euro si on prenait en compte l’avantage à domicile1.

Les Outsiders

Un peu plus bas, on retrouve les potentielles surprises de cet Euro : Croatie, Portugal, Pologne, Russie, Suisse et Ukraine. Les deux premiers tiennent leur rang après une campagne décevante au Brésil. La Suisse n’a pas concrétisé pour l’instant les espérances que certains plaçaient en elle avant la Coupe du Monde, et leurs derniers résultats ne nous rendent pas plus optimistes. Parmi les trois pays d’Europe de l’Est, la surprise vient sans doute de la Pologne, qui est sur une très bonne lancée ces deux dernières années.

Le Ventre Mou

Les équipes qui n’ont pas montré jusqu’à présent qu’elles seront compétitives mais qui ont un niveau de base qui peut les rendre dangereuses : l’Irlande, l’Autriche, la Roumanie, l’Italie, la Slovaquie, la Suède et la République Tchèque. Si les trois premiers de ce groupe semblent être à leur rang au regard de l’histoire, la position de la Suède et de la République Tchèque est plus décevante. Pour ces derniers, il s’agit d’un mouvement de fond depuis 2006 et la fin de l’ère Nedvěd3. La Suède, quant à elle, espère sans doute un dernier coup d’éclat de son attaquant vedette. Au milieu de ce groupe se cache un intrus qui n’en est pas un : l’Italie. Il ne s’agit pas pour eux de mauvaises performances récentes mais plutôt d’un mouvement de fond, plus ancien même que leur campagne catastrophique au Brésil.

Les Spectateurs

Islande, Hongrie, Albanie, Pays de Galles et Irlande du Nord. Dans l’absolu, aucune de ces équipes ne semble avoir une chance d’avancer à l’Euro. Voilà, c’est dit. Le respect des petites équipes dans tout ça ? Il est dans les statistiques : chacune d’entre elles a entre 8 et 20% de chance d’accrocher une victoire lors d’une rencontre contre une des meilleures équipes, comme l’a fait l’Albanie face à la France en 2015. Il y a en tout 9 matchs entre ces équipes et nos favoris ou outsiders. Notre pari : l’une au moins des équipes du haut de tableau se fera surprendre par l’un de ces “spectateurs”5. Les joies des probabilités !

Les Absents

Robben et Van Persie. Troisièmes au Brésil et dans notre classement mondial il y a 2 ans, encore quinzièmes aujourd’hui, nichés entre le Portugal et la Croatie. Mais entre temps il y a eu ça.

Une question de dynamique

Tout le monde s’accorde (peut-être à tort) sur le fait que les matchs amicaux, voire les matchs de qualifications pour les meilleures équipes, n’ont qu’une signification limitée. Néanmoins, on ne peut pas rejeter les informations que ces matchs nous donnent lorsqu’ils sont pris dans leur ensemble. Voici donc un petit récapitulatif des classements, en 2014 à la sortie de la Coupe du Monde, à la fin 2015 et aujourd’hui, ainsi que les changements d’indices sur ces périodes.

En prime, un histogramme des variations entre 2014 et 2016, qui dépeint une histoire intéressante :

À l’équilibre, la France et l’Espagne semblent avoir atteint leur niveau maximal. Le constat aurait été très différent pour la France fin 2015, lorsqu’elle avait atteint son point le plus bas depuis le mondial. Au rayon des bonnes surprises on retrouve l’Angleterre, cinquième plus belle progression depuis 2014, et surtout la Pologne dont le statut d’outsider de cet Euro s’est construit tout au long de ces deux dernières années.

À l’opposé, nous avons l’Italie, le Portugal et l’Ukraine, qui ont tous eu des difficultés durant cette période de recontruction. Ces trois équipes restent tout de même assez proches de leur niveau récent.

Et à la dernière position on retrouve l’Allemagne, le gros point d’interrogation de cet Euro. Leur campagne de préparation a été très peu convaincante jusqu’à présent : une série de défaites en matchs amicaux contre l’Argentine, les États-Unis, la France et l’Angleterre, ainsi qu’une qualification à l’Euro émaillée de défaites contre la Pologne et l’Irlande nous font douter de l’aura d’invincibilité que l’équipe avait acquise après ses victoires sur la France, le Brésil et l’Argentine en 2014.

Et l’Euro alors ?

Ce classement et les probabilités qui en résultent nous donnent une idée globale des forces en présence et de leur évolutions ces dernières années. Mais ce n’est évidemment pas la fin de l’histoire.

Tout d’abord, il reste aux équipes près de deux mois de préparation, avec notamment une autre semaine internationale fin mai. Celle-ci devrait nous donner des informations beaucoup plus précises sur le niveau réel des équipes qualifiées pour l’Euro, la plupart des compositions étant décidées d’ici-là. Qui sait quelle blessure, mise en examen ou choix étrange de sélectionneurs viendront briser nos prédictions.

D’autre part, pour évaluer de manière précise les probabilités de chaque équipe d’avancer à l’Euro, il faut prendre en compte leurs adversaires en poule et la structure du tableau final. C’est la prochaine étape dont nous vous parlerons très bientôt. Et alors, promis, nous vous dévoilerons qui gagnera l’Euro, on ne s’est jamais trompé jusqu’à présent ! 24

  1. Nous avons introduit quelques changements dans nos méthodes de calculs depuis cette première version, nous parlerons plus en détail de notre approche dans un autre article.

  2. Qui consiste à ajouter 104 points à son classement. Ni plus ni moins. Cette valeur modélise le mieux l’avantage qu’une équipe possède lorqu’elle joue à domicile.

  3. C’est vrai !

  4. Et des footballeurs de génie à mullet...

  5. C’est la première fois qu’on fait des prédictions pour l’Euro...

  6. Un rapide calcul, en se basant sur une moyenne de 15% de chance de victoire par match donne environ 75% de chance que notre pari se réalise.